En direct de Beyrouth: "Beaucoup de jeunes et d'enfants que nous suivons souffrent de cauchemars. Certains ont recommencé à faire pipi au lit."

« Nous sommes sur le terrain tous les jours depuis l'explosion. Les visites aux familles par nos équipes santé mentale sont au coeur de notre action: à ce jour 236 familles ont reçu notre visite et suivent une thérapie. »

15% des patient.e.s que nous accompagnons psychologiquement ont moins de 18 ans:

« De nombreux enfants et jeunes ont été témoins de l'explosion. À un si jeune âge, c'est un événement extrêmement traumatisant. Beaucoup souffrent de cauchemars. Certain.e.s ont recommencé à faire pipi au lit. Il est essentiel qu’ils et elles soient maintenant étroitement surveillé.e.s et nous nous assurons de leur suivi psychologique. »

Les autres symptômes que nos psychologues détectent sont très divers: nos patient.e.s font face à de la peur, des flashbacks, de la tristesse, mais aussi à un sentiment de colère et d'impuissance. « Ensemble et dans l'intimité de leurs domiciles, nous travaillons à libérer ces émotions, et nous les accompagnons avec un traitement thérapeutique professionnel.”

La grande majorité des patient.e.s que nous suivons dans nos consultations psychologiques sont Libanais.es (77%). Et 17% sont d'origine syrienne: «Le Liban est l'un des pays qui a accueilli le plus de personnes réfugiées provenant de Syrie. Ils et elles avaient déjà subi des traumatismes suite à la guerre dans leur pays. Pour beaucoup d'entre eux et elles, l'explosion est un 'flashback post-traumatique' lié aux expériences vécues dans leur pays d'origine.”

Certain.e.s patient.e.s se sentent tellement mal qu'il est nécessaire de les faire hospitaliser: 26 patient.e.s de Médecins du Monde ont ainsi été accompagné.e.s au centre de santé mentale de la capitale. Ils y reçoivent un traitement adapté à des problèmes mentaux plus graves.

Formation au centre de santé mentale

Depuis le début de l'intervention le 7 août, 22 séances de sensibilisation ont été organisées pour les employé.e.s du centre de santé mentale de Beyrouth. Les thèmes de ces sessions tournent autour de l'impact mental des catastrophes et de la première aide psychologique.

De plus, les équipes de Médecins du Monde ont développé les activités suivantes :

• Equipes de spécialistes en santé mentale répondant aux questions sur les soins de santé mentale via une ligne téléphonique d'assistance spécialement mise en place.
• Intégration d'une équipe de santé mentale dans les consultations (médicales) de la clinique mobile de notre organisation partenaire, Amel.
• Fourniture d'équipements de protection individuelle pour nos employés contre le COVID-19.
• Livraison de kits d'urgence, comprenant des médicaments de base et du matériel médical.

Avant l'explosion, Médecins du Monde soutenait 5 centres de soins et 1 clinique mobile dans la vallée de la Bekaa, une région où résident de nombreuses personnes réfugiées. Ils et elles proviennent principalement de Syrie mais ce sont aussi des Libanais.es vulnérables qui cherchent à obtenir une aide médicale et des médicaments gratuits. Médecins du Monde est active au Liban depuis 1990 avec 40 employé.e.s et de nombreux bénévoles. Aucun membre de l'équipe n'a été victime de l'explosion, nous pouvons donc concentrer toute notre attention sur les besoins des victimes de l'explosion.